Un professeur de Corse suspendu par les pieds au pont d'Abra.
Cet après midi, alors qu'il se rendait sur son lieu de travail pour assurer ses cours, un jeune professeur de langue Corse, qui enseigne dans un établissement d'Ajaccio, a été victime d'un enlèvement, puis a été suspendu dans le vide au "pont d'Abra" sur la commune de Petreto Bicchisano.
Le jeune enseignant, secouru par l'appel téléphonique d'un chasseur et conduit en état de choc à l'hôpital de la Miséricorde par le SMUR, a accepté de témoigner.
" Avà t'aghj'à caccià a puzza o merdusò ! A prossima volta chi tù dici à u me figliolu chi u suttanacciu un hè micca Corsu, ti lampu in fiume !..."
" Lorsque j'ai fermé la porte de mon véhicule 3 hommes vêtus de treillis et dégageant une forte odeur porcine, m'ont plaqué au sol, attaché les mains dans le dos, les pieds avec de la ficelle, et m'ont jeté à l'arrière d'une vieille camionnette bâchée comme du bétail...Deux d'entre eux, le visage couvert par une cagoule, sont montés à l'arrière avec moi. (...) Ils ont dit qu' aujourd'hui, c'était eux les professeurs, et qu'ils allaient me donner une bonne leçon...Ils m'ont insulté pendant une demi heure en me reprochant d'enseigner la langue Corse du Nord et surtout de réprimander les élèves qui répondent à mes questions en sudiste...Enfin c'est ce que j'ai cru comprendre de leur patois Taravais...J'ai peut être exagéré un peu...Lorsque nous sommes arrivés sur le pont, j'ai eu la peur de ma vie ! Ils m'ont jeté sur le bord de la route, suspendu dans le vide et l'un d'eux m'a dit : "A isiè ni ! Un facci più u malignu avà ! hein ? Avà t'aghj'à caccià a puzza o merdusò ! A prossima volta chi tù dici à u me fiddolu chi u suttanacciu un hè micca Corsu, ti lampu in fiume !(...)"
Ce n'est pas de ma faute, j'ai appris le Corse dans les livres...A l'université, on m'a toujours expliqué que dans la Gravona, le Taravu et l'Alta Rocca, ils parlent un dérivé du Sarde et qu'il fallait corriger le tir en apprenant la vraie langue Corse à leurs enfants, celle de Haute Corse. (...) J'ai passé plus d'une heure suspendu dans le vide. J'ai vu mes 4 années d'études Corse défiler devant moi. J'ai cru que je ne m'en sortirais pas. Je ne recommencerai plus jamais !..."
N.Dicuzza