Corse : Ces "mères Noël" qui refusent de se soumettre à la tradition d'a "smunter
Elles s'appellent Santa, Angèle, Marie Antoinette et Livia. Elles sont toutes membres du collectif " Donna Libera", qui compte aujourd'hui 8000 signatures de femmes qui refusent de perpétuer cette vieille tradition Corse datant du début du 20 ème siècle, qu'elles jugent humiliante pour la femme : " a smuntera di Natali ".
" Il m'a ligotée nue à un châtaignier le soir de Noël, parce que ça lui rappelait la conférence de presse de Tralonca..."
" Ma grand-mère me racontait que tous les soirs de Noël, depuis son mariage, elle a toujours enduré les sévices sexuels de Pépé..." Nous confie Santa. " Elle n'avait pas le droit à la parole. C'était comme ça. Dès qu'elle rentrait de la messe de minuit et que Pépé rentrait du bar, avant de passer à table, elle devait se soumettre à ses pulsions les plus perverses dans les endroits les plus insolites..."
"Aujourd'hui rien n'a changé..." Reprend Marie Antoinette. " Depuis que mon mari a été contraint d’arrêter ses activités au sein du FLNC, tout est prétexte pour enfiler sa cagoule au lit...A Noël dernier il m'a ligotée nue à un châtaignier, parce que cela lui rappelait la conférence de presse clandestine de Tralonca...J'ai passé plus d'une heure, nue et dans le froid, à subir ses assauts répétés sous une pluie d'insultes. Je lui ai servi son cabri et je suis partie me coucher avec 40 de fièvre..."
" A mè mi piaci à chjavà, mà avà ci voli à falla finita !..."
"A Noël il faut lui faire à manger, le servir, aller prier à la messe de minuit, et se faire démonter " l' ochju merlinu " en rentrant, sur le vieux "baulu" au grenier, pour que Monsieur puisse raconter ses exploits au bar le lendemain..." Nous explique Livia. " Annu passatu, aghju tastatu à u manicu d'a forca !...Anc'à mè mi piaci à chjavà, ma avà ci voli à falla finita !..."
"Nous irons jusqu'au bout !..." S'écrie Angèle. " Nous ferons valoir nos droits de femmes libres de disposer de leurs corps et d'elles mêmes ! Cette année nous demandons aux femmes de ce pays éprises de liberté et de dignité, de ne plus se soumettre à la perversion de nos maris et compagnons. Nous avons gagné une première bataille, en nous faisant tolérer dans les bars cette année. Faisons ensemble, de ce Noël 2016, une victoire totale, sur cette tradition ridicule et humiliante pour la femme Corse..."
N.Dicuzza