Titanic : les Corses trancheront en 2017
- Ariana Camina
- 18 sept. 2016
- 3 min de lecture

Nouveau projet d'envergure en Corse : le groupe Pè a Corsica, majoritaire à la CTC, envisage le rachat d'un nouveau navire pour la compagnie maritime régionale : le...Titanic ! Pour éviter à nouveau les vagues de protestation engendrées par l'éventuel rachat du Costa Concordia, une grande consultation - la première du genre - est prévue courant 2017. Le peuple Corse sera amené à se prononcer : pour ou contre le rachat du Titanic ? Avec quel nom le rebaptiser ?
En cas de victoire du "oui" au référendum, la réhabilitation du géant des mers se fera en plusieurs étapes, selon un calendrier bien établi : sa mise en service interviendrait alors en 2023.
Pour l'heure, le propriétaire de l'épave est une association de passionnés qui désire désormais s'en séparer, pour investir dans le rachat du sous-marin russe Koursk.
"Insemersible" : les rapports disent "oui" !
Les arguments en faveur du "oui" ne manquent pas : un pré-rapport co-signé par un cabinet d'ingénierie navale et une agence d'intelligence économique a d'ores et déjà séduit les élus, et ce bien au-delà de la majorité nationaliste.
"Les progrès en termes de travaux maritimes sont tels qu'en quelques jours, l'épave pourrait être remontée sans trop de casse", assure le directeur de l'équipe d'ingénieurs ayant réalisé l'étude. Pour le remorquage, phase très coûteuse, l'assemblée de Corse propose de mettre à disposition le Paglia Orba et le Monte d'Oru, récemment achetés pour une somme très modique. "cela ne coûterait pas grand chose de leur faire faire un petit crochet durant leur traversée New York-Bastia", affirme Gilles Simeoni.
Qu'en est-il de l'état du paquebot, surnommé par certains l' "insemersible" ? "très bon", selon le cabinet d'ingénierie navale. Le rapport précise que : "l'épaisseur et la qualité de l'acier ont protégé la structure de la corrosion. Une réhabilitation complète du métal avec des nettoyeurs haute pression à eau douce coûterait moins de 30 millions d'euros".
Pour la motorisation, relativement vétuste, le rapport propose une idée novatrice et écologique : utiliser le méthane produit par les déchets ménagers des Corses pour propulser le géant des mers, conjointement avec le charbon. L'agence d'intelligence économique adoube cette idée en annoncent que d'après ses calculs "les coûts horaires en termes de combustible se situeront en-dessous de la barre des 200€".
Dernière précision technique, et pas des moindres : les performances en mer du Titanic sont très supérieures à celles des ex-bateaux de la SNCM.
Une aubaine pour le tissu socio-économique insulaire
Pour Jean-Guy Talamoni, le soutien du groupe libéral de l'Assemblée de Corse, conduit par José Rossi, est indispensable. Pour les rassurer, l'élu indépendantiste propose une feuille de route transparente, favorisant les entreprises locales. Il déclare : "le Titanic sera mis en chantier dans la région Ajaccienne, chez Aïcardi ou Santarelli. Pour les pièces manquantes, nous irons les acheter chez Mr Bricolage ou Weldom Castellani. Les câbles pour le remorquage seront fournis par Anfriani. Le groupe Torre assurera le ravitaillement en charbon. Les ouvriers du chantier naval seront ravitaillés par KFC...etc ! Vous l'aurez compris, tout sera fait pour donner un coup de pouce à l'économie insulaire. Et ce n'est pas tout : légalement, la CTC ne peut pas acheter le bateau à une association, mais M. Rocca s'est immédiatement porté volontaire pour acheter le navire et nous le revendre".
Cerise sur le gâteau, les besoins en termes de passagers et de fret sont tels que, en service sur une ligne à haute valeur ajoutée telle que Tiuccia-La Grande Motte, ce navire serait rentable au bout de 3 ans, un record absolu dans le monde de la navigation industrielle. Le coût total de l'opération n’excéderait pas les 200 millions d'euros.
Les hôteliers insulaires approuvent sans réserve : posséder un tel navire permettrait d'attirer une clientèle fortunée sur l'île, au pouvoir d'achat sans commune mesure avec celui des "pumataghji" habituellement transportés dans les cales des bateaux actuels.
Le monde entier, et en particulier celui du nautisme, a donc désormais les yeux rivés sur la Corse, et suivra sans aucun doute le feuilleton de cette petite île tombée amoureuse d'un grand prince des mers.
Комментарии